ATELIER MES PARENTS SE SÉPARENT

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  • Post published:décembre 20, 2019
  • Post category:Enfance

L ’École des Parents et des Educateurs Haute-Garonne a une solide expérience dans l’écoute et le soutien des familles à travers ses différents services: consultations, Espace Ecoute Jeunes, Espace Ecoute Parents ou Famille, médiation familiale, Lieu d’Accueil Enfants Parents. …

En croisant nos expériences au sein de l’association, nous avons repéré que les enfants sont souvent soumis aux problématiques de séparation qu’ils vivent plus au moins difficilement. Nous sommes en effet confrontées régulièrement aux souffrances des enfants, aux risques de rupture de lien familial et aux préoccupations des parents autour de leur séparation.

Il a nous semblé primordial de prendre en compte ces difficultés et tenter de prévenir précocement d’éventuels dysfonctionnements futurs : relations parents-enfants perturbées, problématiques scolaires, psychiques, comportementales…

C’est pourquoi nous avons créé ces ateliers d’expression pour les enfants dont les parents sont séparés.

Chaque cycle de rencontres est co-animé par une médiatrice familiale et une psychologue. Cette collaboration entre médiateur familial et psychologue, que nous pouvions mettre en œuvre facilement au sein de notre EPE, permet de prendre en compte à la fois la globalité d’une situation familiale et le vécu singulier de l’enfant.

Le travail collectif autour d’un dénominateur commun (en l’occurrence, la séparation des parents) est favorable au soutien et à l’expression de chacun. Le principe de ces rencontres est d’inviter les enfants à construire et illustrer une histoire ensemble. Les méditions artistiques ouvrent un terrain de jeu pour inciter les enfants à exprimer leurs pensées ou leurs sentiments par le biais des personnages.

Un premier cycle de cinq séances de 1 h 30, adressé à des enfants de niveau élémentaire, soit entre 6 à 11 ans, a démarré à Villeneuve-Tolosane en mai 2019 grâce à un partenariat avec l’équipe de la Maison des solidarités locale. Connus des familles du secteur, ces professionnels ont soutenu notre action en nous faisant bénéficier de locaux et en prenant contact avec les familles susceptibles d’être concernées par cette action. Seule condition pour participer aux ateliers, pour lesquels aucune participation financière n’a été demandée: l’accord des deux parents. Mais nous avons rappelé à chacun d’entre eux, au moment de l’inscription, combien l’assiduité était importante, tant pour l’enfant, qui peut ainsi faire son travail d’élaboration psychique par étapes et à son rythme, que pour le groupe et la cohésion qu’il allait construire au fil des séances. Après une présentation générale du projet en présence des familles, les rencontres se sont déroulées avec les enfants, sans leurs parents, sauf la dernière, à la fin de laquelle ceux-ci ont été invités pour une restitution de l’expérience.

Il était une fois…

Lors de cette présentation collective, nous n’avons pas cherché à connaître le détail de l’histoire de chaque enfant. De cette façon, nous leur avons laissé la possibilité d’aller chacun à son rythme, d’investir cet atelier chacun à son gré, sans se sentir obligé d’exposer son intimité. Car notre atelier n’est pas un lieu d’interprétation des contenus amenés par les enfants, comme pourrait l’être un groupe thérapeutique, mais un espace d’expression. Toutefois, la règle de discrétion est de mise pour tous, enfants, parents et intervenants : on ne peut parler qu’en son nom et on s’engage à ne pas répéter ce que les autres ont dit.

Pour donner un cadre aux interventions, nous avons suivi la structure du conte: description de la situation initiale, avec présentation des personnages et de leur environnement; événement extérieur qui vient rompre l’équilibre; quête d’une solution pour restaurer l’équilibre. À partir de cette trame construite collectivement, chaque enfant a proposé ses illustrations. La proposition de « dessin libre », loin de toute injonction à raconter leur histoire, a grandement facilité l’expressivité et tous se sont détendus au fil des séances, affichant volontiers leur plaisir. Enfin, le choix des dessins à retenir pour leur ouvrage a été réalisé collectivement. En marge des séances proprement dites, l’accueil et le départ des enfants a été l’occasion d’un travail indirect avec les parents, qui se sont eux aussi saisis de ces moments pour s’exprimer, ne serait-ce qu’en nous rapportant les réactions de leurs enfants: leur impatience avant chaque atelier, les changements positifs dans leurs comportements… Cette expérience a aussi fonctionné comme déclencheur chez un papa qui n’avait plus de contacts avec sa fille : le fait d’apprendre, par la mère, qu’elle participerait à l’atelier l’a décidé de renouer avec lui. Nous avons clôturé le cycle des ateliers par un petit goûter et la présentation de nos productions aux parents, puis chaque participant est reparti avec son propre exemplaire imprimé, auquel il avait pu donner le titre de son choix. L’un d’entre eux l’a d’ailleurs tout de suite remis à sa mère: « Je pars chez papa mais je te laisse le livre. Comme ça, si tu es triste, tu pourras le lire. »