HISTORIQUE DE LA BULLE ROSE

  • 1988

    La Bulle Rose est créée à Toulouse, à l’initiative de quelques professionnels du secteur social formés à l’écoute de la petite enfance et orientés par le désir de soutenir les jeunes parents.

    La Bulle Rose n’est pas née d’une commande sociale, elle s’engageait singulièrement par un dispositif original d’écoute et d’accompagnement. Elle prend place rue du Lot, dans le quartier Bagatelle.

    Dès son origine, la Bulle Rose a fait l’offre d’un lieu d’accompagnement et de soutien, un lieu « ressources » qui s’adresse aux parents d’une façon plus anodine, sans la représentation inquiétante que peuvent porter certains lieux d’accueil de la souffrance psychique. Qu’il ne soit pas nécessaire de s’inscrire ou de prendre rendez-vous, qu’aucun dossier ne soit constitué et qu’il n’existe pas de contrainte de régularité font de la Bulle Rose un espace privilégié ouvert à tous et où chacun, enfant et adulte, trouve la possibilité d’élaborer ses questions, ses difficultés, ses solutions, dans l’ici et le maintenant.

    La Bulle Rose fait l’offre d’un espace contenant qui permet de mettre en mots ce qui jusqu’alors s’exprimait autrement, soit par des troubles somatiques, soit par des troubles psychologiques.

    Par cette orientation de travail psychanalytique, la Bulle Rose s’inscrit dans une référence à la Maison Verte créée en 1979 à Paris par Françoise Dolto.

    A Toulouse en 1988, la Bulle Rose constitue un lieu unique et un dispositif original ; elle a inauguré dans la ville ce qui sera ensuite appelé les « Lieux d’Accueil Enfants-Parents ». Depuis, un nombre croissant d’espaces de ce type s’est créé, chaque lieu possédant ses particularités.

    L’initiative d’ouvrir un tel lieu d’accueil sur Toulouse a été rendue possible grâce au soutien de plusieurs partenaires institutionnels engagés dans l’action sociale en faveur des familles et de la petite enfance, et notamment l’Ecole des Parents et des Educateurs (EPE). La Bulle Rose est aujourd’hui un service de l’EPE Toulouse.

  • 1995

    La Bulle Rose déménage dans le quartier des Minimes, aux Mazades. Elle utilise des locaux mis à disposition par la Mairie de Toulouse situés au sein de la Maison de la Famille et de l’Enfance. Ils sont composés d’une grande salle de jeux avec des coins salons dédiés aux parents, d’une autre petite salle de jeux plus en retrait, d’une salle d’eau dans laquelle une tisanerie, un coin lange et un espace de jeux sont aménagés, d’un bureau pour les accueillants et d’un jardin avec des jeux d’extérieur.

    Se situant dans Toulouse même, et qui plus est dans un quartier aujourd’hui facilement accessible en voiture, bus et métro, ce lieu s’adresse aussi bien aux habitants du quartier qu’à ceux de Toulouse et de ses environs.

  • 1996

    La prestation de service LAEP est créée par la CNAF. La Bulle Rose en bénéficie.

  • 2004

    Pour l'anniversaire des 15 ans de La Bulle Rose, les accueillants organisent deux journées de travail autour du thème "Pertinence et impertinence des lieux d'accueil.".

    Jean-Pierre Lebrun, psychanalyste, intervient sous les titres « L'amour suffit-il à faire grandir un enfant ? » et «Le lien parents enfants dans le monde contemporain».

    Les accueillants de La Bulle Rose témoignent en présence des discutants : Sidi Askofare, Yamina Guelouët et Serge Vallon.

    Anne Lopez, psychanalyste, intervient sous le titre « La parentalité en question ».

    Sylvie Companyo, directrice de l'EPE présente une conclusion au temps de travail.

  • 2009

    L'équipe de la Bulle Rose est sollicitée par un groupe de professionnels et de parents qui s'intéressent à l'accompagnement et au travail avec les familles concernées par la surdité, que la surdité touche l'enfant ou le parent.

    Leur constat était que le diagnostic précoce de surdité avait pour effet d'engager les parents et l'enfant dans une prise en charge institutionnelle de la surdité qui d'une part, peut être le terrain d'enjeux idéologiques pour les acteurs de ce champs, et d'autre part produit une réduction de la relation parents enfants à cette question de la surdité.

    Ces professionnels et ces parents témoignaient de la difficulté pour ces familles de pouvoir déposer dans les lieux de soins spécifiques à la surdité, des demandes plus anodines en apparence, demandes concernant l'éducation des enfants. Ces familles au delà des questions concernant la surdité, sont confrontées à des questions, des doutes, des préoccupations que la plupart des parents rencontrent. Par exemple, en ce qui concernant l'entrée en collectivité, halte-garderie, crèche ou école, et la difficulté que peut avoir l'enfant à accepter la séparation d'avec le parent, la rencontre avec d'autres enfants, l'apprentissage de règles sociales et l'acceptation des limites, toutes ces questions qui accompagnent l'acquisition d'autonomie de l'enfant.

    L'équipe de la Bulle Rose était depuis quelques années en réflexion quant à une ouverture autre, adressée à des enfants et des parents concernés par une difficulté, un handicap. De la rencontre de ce désir et de celui du collectif des accueillants de la Bulle Rose, des réunions de travail se sont mises en place. Dès octobre 2009, des réunions ont été tenues mensuellement dans les locaux de la Bulle Rose, réunissant les professionnels du groupe de travail extérieur, plusieurs accueillants et quelques parents, invités, intéressés par le projet naissant.

  • 2010

    - Ouverture du temps d'accueil du lundi. Deux professionnels rejoignent l'équipe :

    - une accueillante sourde signante,

    - une accueillante entendante signante,

    Une accueillante déjà en poste à la Bulle Rose s'est associée aux personnes recrutées permettant ainsi une transmission nécessaire quant à une pratique de l'accueil et assurant également une continuité pour les personnes fréquentant déjà le lieu. L'équipe souhaitait éviter que cet accueil ne devienne un accueil spécifique et permettait ainsi que soient maintenus les principes fondateurs du projet de la Bulle Rose.

  • 2011

    Un deuxième temps d'accueil en LSF s'ouvre le mercredi matin.

  • 2018

    La Bulle Rose a 30 ans et prévoit un colloque à cette occasion.

  • 2020

    La pertinence des lieux d’accueil semble ne plus être à démontrer si l’on en croit leur multiplication. Mais à quoi tient ce qui s’y produit ?

    Il s’agit d’accueillir en un même lieu, dans un même temps l’enfant et son parent, de se mettre à l’écoute d’une parole, d’une question telle qu’elle se présente, d’être attentif à la relation qui s’y déroule. Mais cela suffit-il ?

    Ce qui apparaît aujourd’hui plus que jamais comme essentiel, ce qui fonde la qualité de cet accueil, pourrait bien se situer dans une certaine ambiance, si difficile à saisir, une manière un peu particulière de faire le collectif, le faire ensemble.

    Ces journées seront l’occasion de témoigner des conditions de la rencontre que le temps si spécial de l’accueil permet, mais aussi de déplier le dispositif dans ce qu’il peut présenter d’impertinence, de vif, d’inattendu, 30 ans après encore.

    Le plus intime vient y rencontrer l’espace public, entre langue maternelle, langues étrangères et langue au chat.

    En considérant que la place que l’on réserve à l’altérité est le ressort de la rencontre, ceci soulève les questions des différences de langues, du rapport de chacun à la sienne et à celle de l’autre.

    Depuis 2010, la présence d’accueillants Sourds dans l’équipe nous engage ainsi à faire lien, à tirer les fils du malentendu inhérent à toute rencontre, au sein même de notre collectif de travail.

    Parce qu’il ne suffit plus de désigner la machine à normaliser pour résister à ses effets sur nous, nos invités sont autant de contemporains qui travaillent à élaborer les difficiles questions de notre temps.

    Quelles formes de lien social sommes nous alors en capacité de ré-inventer pour permettre aux tout-petits de grandir et à leurs parents de le supporter ?

    Qu’ est ce qui fait que quatre murs peuvent devenir et se maintenir comme un lieu d’adresse, d’écoute et de lien pour celles et ceux dont la tâche est bien d’assurer l’humanisation du monde d’aujourd’hui et de demain ?

    Comment la psychanalyse peut-elle nous aider aujourd’hui à penser cette question de la transmission, de ce qui (se) passe dans tout accueil de notre prochain et dans le collectif qui le soutient ?